dimanche 17 juin 2012

Le grand pic bizarre

Au camping où nous sommes actuellement stationnés, il y a un grand pic au comportement plutôt bizarre.



Figurez-vous que son grand plaisir, tous les jours, c'est d'aller frapper sur les plaquettes de tôle qui servent à indiquer les numéros des lots de camping. Ça réveille tout le monde, tôt le matin (moi, ça me fait tordre de rire, mais j'aimerais comprendre ce comportement).

Il n'y pas de reflets (donc il n'attaque pas sa propre image), il ne brise rien, ne perce rien, n'y trouve aucune nourriture... On dirait qu'il matraque la tôle uniquement pour faire du bruit. Et le bruit est incroyablement fort. Imaginez combien peut raisonner une plaquette de tôle frappée avec le bec d'un grand pic.


Puisque l'un de mes meilleurs copains est justement une sommité dans le domaine ornythologique au Québec, je ne vois que lui pour m'informer de l'attitude bizarroïde de cet oiseau.

Voici donc l'explication de mon ami Jean Paquin, auteur de nombreux guides sur les oiseaux du Québec :

Cette manifestation [du grand pic en question qui tape sur les plaquettes de tôle]… est justement reliée à la nidification.

Tu es familier avec le chant des oiseaux. Les mâles chantent pour délimiter un territoire de nidification et attirer une femelle tout en proclamant leur prétention face aux autres mâles.

Mais les pics, eux, dans bien des cas, ne chantent pas vraiment, ils peuvent crier, mais lorsque vient le temps de revendiquer un territoire, ce sont plutôt des percussionnistes ! Donc au lieu de chanter… ils tambourinent (et chacun a son propre tambourinage).

Ils tambourinent et veulent être entendus. Et comme la tôle peut être merveilleuse pour un pic! Quelle amplification!! Yes!!! Les autres mâles vont savoir que je suis là!!! Et les humains!!! (Mais dans ce dernier cas, il s’en fout !)

Voilà donc l’explication de ce comportement. Ce n’est pas une question de reflet [à combattre, par exemple], mais plutôt d’amplification!

Tu peux dire à ceux que ça indispose que la saison de nidification avance et qu’après, il va cesser. C’est une question d’hormones!

Merci, Jean. Je savais qu'en m'informant à un spécialiste, j'aurais l'heure juste.

En attendant, eh bien, que les campeurs dans des tentes se munissent de bouchons d'oreilles sinon, dès 6h00, ils vont sursauter dans leur sac de couchage.

[La photo du grand pic vient du site http://dominicgendron.com]